Consommation outre-mer: les impacts écologiques et économiques

 

Si la montée de la mondialisation nous a permis de partir à la découverte du monde et de nous initier aux différentes cultures dans les quatre coins du globe, elle a aussi modifié notre façon de consommer, augmentant de beaucoup la consommation outre-mer. Zoom sur les impacts environnementaux et économiques de cette pratique et sur les avantages de se tourner vers l’achat local.

Par Stéphanie Houle

 

Pourquoi la consommation outre-mer provoque-t-elle des impacts nuisibles sur l’écologie et l’économie?

 

L’achat de biens à l’international peut paraître tentant, car l’offre est variée, voire pratiquement infinie, et les prix sont souvent peu ou moins élevés, même lorsqu’on considère les frais de dédouanement.

En revanche, les impacts de la consommation outre-mer sur l’environnement et l’économie sont eux beaucoup moins attrayants et incitent à une remise en question de nos habitudes d’achat en tant que consommateur. À ce sujet, 66 % des consommateurs à la recherche de prix plus bas et achetant à l’étranger* seraient prêts à reconsidérer leurs achats si les détaillants fournissaient plus de détails sur les impacts environnementaux de l’expédition outre-mer.

Concernant les impacts environnementaux, les chiffres parlent d’eux-mêmes, surtout lorsque nous apprenons qu’un aliment parcourt en moyenne 2 600 km en Amérique du Nord avant de se rendre dans notre assiette*.

Non seulement le transport des aliments et des biens sur une longue distance est polluant et contribue à l’émission de gaz à effets de serre, mais il génère aussi d’autres dommages collatéraux et des irritants, comme le bruit, le trafic et la formation de smog pouvant causer des difficultés respiratoires, entre autres.

Par ailleurs, le fait de consommer outre-mer se fait presque inévitablement sur le web et fait hausser la pollution: les expéditions de colis représentent de 4% à 5% des émissions de carbone d'origine humaine. Cela incite à la surconsommation et à l’achat de biens non-nécessaires ou inadéquats pour nos besoins, car il n’est pas possible de voir le produit et de bien l’évaluer avant qu’il se trouve vraiment entre nos mains.

En plus, pour se rendre à nous, le bien a traversé plusieurs pays ou océans, et a requis l’utilisation d'emballage supplémentaire afin de le protéger durant le transport. En parallèle, si le produit ne nous plaît pas, cela entraînera nécessairement un plus grand nombre de retours de produits pouvant se traduire en accroissement de transport et d’emballage.

Du point de vue économique, l’achat outre-mer favorise les emplois à l’étranger et ne contribue donc pas à l’employabilité de gens d’ici. Et cela fait aussi circuler les dollars hors du pays, en ce sens où les profits ne sont pas nécessairement réinvestis au Canada si l’entreprise est basée ailleurs dans le monde.

Alors, quelle est la solution pour atténuer ces multiples impacts?

 

 

Se tourner vers l’achat local

 

Au Canada, l’achat local est plus facilement repérable grâce aux indications «Produit du Canada» ou «Fait au Canada» qui signifient respectivement que les produits doivent contenir 98 % d’ingrédients et de matériaux canadiens, ou un seuil minimal de 51 % en plus d’afficher une mention que le produit renferme des matières importées. Au Québec, il n’existe pas de définition claire, mais l’Office québécois de la langue française décrète que l’achat local serait «une politique d'achat de l'entreprise qui consiste à privilégier la proximité pour l'approvisionnement».

Une chose est sûre, la majorité des consommateurs québécois sont d’accord ou totalement d’accord que le changement de comportement de consommation doit venir des entreprises et des marques*. Qu’on parle de consommation écoresponsable, citoyenne ou éthique.

Mais l’achat local, ça tient aussi du bon vouloir de la population et il y a des avantages tangibles à le faire.

 

La participation à l’économie locale

 

Selon une étude conduite par LOCO, en Colombie-Britannique, sur chaque tranche de 100 $ dépensée localement, 63 $ sont remis en circulation dans la communauté permettant de générer 4,6 fois plus d'impact économique positif que l'argent dépensé dans des entreprises non locales. Qui plus est, les commerçants locaux font moins de marge sur les produits vendus, donc une grande partie de leurs profits sert à payer les employés, la location du commerce, l'électricité et les autres frais afférents qui contribuent à faire rouler l’économie locale.

 

La réduction de la pollution

 

Heureusement, le désir grandissant de la population de consommer de façon plus réfléchie – par exemple, d’opter pour le «locavorisme» ou la mode écoresponsable – accompagné d’une hausse des coûts de transport fait en sorte que les achats outre-mer soient réduits et les circuits distribution inévitablement raccourcis. La résultante? Moins de gaz à effet de serre seront libérés du transport et les coûts liés à ce poste le seront également si les expéditions sont effectuées dans un rayon plus limité.

 

Une plus grande proximité avec les producteurs et les produits

Quand nous achetons localement, nous pouvons développer une meilleure connaissance de ce qui compose le produit – les ingrédients et les composants, la provenance, les procédés de fabrication, etc. – et de qui est derrière ce que nous achetons. Particulièrement, si nous nous rendons dans les marchés publics, les boutiques de proximité et les fermes, où nous pouvons avoir un contact réel avec le producteur, le fabricant ou l’artisan et poser toutes les questions qui nous viennent en tête.

 

 

 

Pour s’initier à l’achat local

Même si on fait des progrès – 60 % des gens ont une consommation locale fréquente contre 55 % en 2009* –, il y a encore place à l’amélioration.

Heureusement, il existe des astuces pour acheter localement et réduire nos achats outre-mer.

    • Faire nos recherches et repérer les marques canadiennes. Avant d’acheter, il est important de s’informer sur les valeurs et l’origine de l’entreprise en plus de valider la provenance des matériaux qui composent les produits et si la fabrication a lieu au Canada ou si seulement le design est fait ici.
    • Magasiner plus longtemps avant d’acheter et surveiller les rabais. Les produits locaux peuvent avoir des prix plus élevés, car ils sont majoritairement plus durables et de meilleure qualité. Au lieu d’acheter impulsivement, il peut être avantageux de préparer nos achats et d’attendre les soldes, surtout dans le cas de produits qui peuvent attendre ou être prévus, comme l’achat de nouvelles bottes d’hiver pour notre petit dernier.
    • Faire ses courses à l’aide d’un moyen de transport écologique plutôt qu’en voiture. Quand cela est possible, le vélo, la marche, la course et le transport en commun devraient être employés. En plus de limiter la distance que nous pouvons parcourir à l’aide ce ces moyens de transport, ça permet d’éviter de polluer avec l’essence. Et nous sommes dans la bonne voie, car 33 % résidents de l’ensemble de la province du Québec âgés de 18 ans et plus auraient limité l’utilisation de leur véhicule pour effectuer des courses contre 18 % en 2009*. Suivons le mouvement!
    • Pratiquer les 5R (refuser, réduire, réutiliser/réparer, recycler et composter.). Au lieu d’acheter neuf, et qui plus est, à l’étranger, pourquoi ne pas farfouiller dans notre entourage, notre garage, les annonces classées ou les antiquaires à la recherche d’objets dont nous avons besoin, mais que nous pouvons soit faire réparer, utiliser à une autre vocation, recycler, donner, etc. Ou, encore, se résoudre à réduire notre consommation tout court.
    • Privilégier les détaillants de propriété canadienne ou québécoise, comme par exemple Deux par Deux qui design et fabrique des vêtements pour enfants au Québec depuis 1986. En plus de son magasin sur la rue Chabanel, une artère importante de la mode, Deux par Deux livre partout à travers le Canada. De plus, vous adorerez le nom qu'ils donnent aux collections de vêtements pour enfants!
      Eluo est un autre bel exemple d'une entreprise canadienne basé cette fois-ci en Alberta. Leurs produits visent à moderniser le rituel de soins pour le visage en valorisant les bienfaits de l'argile et des huiles botaniques. Votre peau vous en remerciera avec son éclat frais et sa beauté naturelle mise en valeur.

 

Références:
*1 Selon une étude publiée par la firme inRiver, réalisée en 2019. 
*2 Selon la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, réalisée en 2008. 
*3, 4, 5 Selon le Baromètre de la consommation responsable édition 2019, une étude produite par l’Observatoire de la consommation responsable de l’ESG UQAM, publiée en 2019.