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Continuer vos achatsLa fast fashion – une tendance qui pousse les gens à acheter et jeter une foule de vêtements à prix réduit au même rythme que les tendances changent, mais bien plus rapidement que les pièces ne s’usent –, bat toujours son plein. Et si nous ralentissions pour nous tourner vers une consommation de la mode plus appréciable, mais surtout plus responsable?
Par Stéphanie Houle
Photo par Agustin Fernandez sur Unsplash
Cela fait déjà quelques années que nous entendons parler d’une consommation plus responsable du côté de l’alimentation. Nous n’avons qu’à penser à l’agriculture biologique, la réduction de déchets alimentaires avec le compostage, l’approche «zéro déchets» ou l’adoption de mesures gouvernementales pour bannir les bouteilles d’eau en plastique, par exemple.
Il en est autrement en ce qui concerne notre consommation de la mode, une industrie particulièrement polluante et qui, tranquillement, est remise en question. Mais avant de se retrouver avec une garde-robe 100 % écoresponsable, il faut d’abord en comprendre les bases.
Le Canada a récemment emboîté le pas à la mode écoresponsable, un terme doux à l’oreille, mais plus difficile à définir avec précision.
En gros, pour être une marque en mode écoresponsable, il faut qu’elle embrasse adopte un ensemble de valeurs environnementales, sociales et économiques:
Le développement durable peut être appliqué sur tout le cycle de fabrication des vêtements, de l’approvisionnement en matières premières à la production, en passant par le transport, la commercialisation, l’utilisation et la fin de vie des produits. Les marques qui intègrent le développement durable mettent en branle des actions et des plans afin de diminuer les impacts à long terme sur les générations futures. Par exemple, une entreprise peut transformer les déchets résiduels de sa production de vêtements en biocarburants, une marque peut vouloir réduire de 50 % le suremballage et n’utiliser que des boîtes composées entièrement de matières recyclées, une usine textile peut miser sur l’énergie solaire pour son bon fonctionnement, etc.
D’abord, les marques qui ont un souci de respecter l’environnement ont aussi à cœur de minimiser les dégâts écologiques et de contrer le réchauffement climatique. Ça peut être en utilisant des fibres végétales recyclables ou encore des fibres faites de matières recyclées à 100 %, par exemple. Est-ce que l’entreprise s’engage à réduire sa consommation d’eau dans la production des vêtements? Mise-t-elle sur des agents biodégradables lorsqu’elle teint ses textiles? Utilise-t-elle des véhicules électriques pour effectuer toutes ses livraisons? Récolte-t-elle des matières premières en respectant les normes environnementales en vigueur dans le pays où elles sont recueillies? Ce sont toutes de bonnes questions à se poser tant comme entrepreneur que comme gestionnaire ou consommateur.
Le commerce équitable est basé sur l’adoption de bonnes pratiques sociales et économiques. Travailler avec des fournisseurs de matières premières – fil, textiles, teintures, emballages, etc. – offrant de bonnes conditions de travail à ses employés ou encore transiger de façon honnête et juste avec les fournisseurs n’en sont que quelques exemples.
Un des volets importants de la mode écoresponsable et de valoriser et de favoriser l’achat local partout où cela est possible. Ça peut se traduire dans tout le cycle de vie d’un produit, soit par une boutique qui décide d’introduire davantage de vêtements, d’accessoires et de bijoux de marques québécoises sur ses tablettes ou un fournisseur qui s’approvisionne en matières premières cultivées en sol canadien. Et en évitant d’acheter outre-mer, ça permet aussi de réduire les émissions de carbone causées par le transport international.
Une autre façon de produire et de consommer une mode écoresponsable est de s’attarder à la durabilité de vie des vêtements fabriqués et achetés, et de pouvoir leur trouver une vocation une fois qu’ils sont rendus à la fin de leur cycle de vie. Faisant d’une pierre deux coups: les vêtements restent beaux plus longtemps et peuvent être portés encore et encore, et la surconsommation s’en voit diminuée. Pour un consommateur, l’économie circulaire peut être de donner les vêtements qu’il ne porte plus à une friperie. Pour une entreprise, ça peut être de fabriquer des vêtements avec une durée de vie prolongée ou encore d’offrir les vêtements non vendus et les déchets textiles à un organisme à but lucratif qui pourra les revendre afin de financer ses activités.
Et comment offrir une mode éthique? Une marque qui est contre la cruauté faite aux animaux pourrait employer uniquement des matières premières végétaliennes, comme le piñatex, une nouvelle fibre fabriquée à partir de feuilles d’ananas et se voulant une alternative au cuir animal. Une autre entreprise qui utiliserait aussi beaucoup d’eau dans son processus de fabrication pourrait utiliser une partie de ses profits afin de les offrir en dons à une organisation qui s’affaire à préserver les océans. Ou, encore, qui s’assure de replanter tout ce qu’elle récolte.
Pour passer en mode écoresponsable et ajouter des vêtements, des accessoires ou d’autres pièces clés à notre garde-robe, rien de mieux que d’encourager l’économie d’ici. Et ça tombe bien, car le Canada foisonne de marques qui se distinguent sur le plan du développement durable.
À la manière des globe-trotters aiguisés, la Montréalaise FIG possède une ouverture d’esprit et un respect inné de l’environnement et des humains avec qui elle cohabite. En plus d’offrir des vêtements de voyage pour femmes stylés et tous fabriqués au Canada, l’entreprise prône la qualité et la durabilité dans sa fabrication, permettant aux vêtements de faire bien plus d’un tour de la Terre.
C’est après avoir travaillé pendant plus de 20 ans pour l’entreprise familiale de gestion de déchets, Wasteco, que les jumelles Lorusso ont fondé Nudnik, à Toronto. La ligne de chandails pour enfants est colorée et fortement inspirée de leur passé: toutes les pièces sont fabriquées à partir de «déchets» textiles. Chez Nudnik, tout est pensé, car l’économie circulaire et la durabilité sont au centre de leurs préoccupations: le coton est 100 % biologique, aucune goutte d’eau – normalement nécessaire dans la conception d’un gaminet – n’est utilisée et les emballages sont de conception «zéro déchet». Comme quoi même les enfants peuvent afficher leurs couleurs écoresponsables!
Rares sont les marques qui utilisent la technique de la sérigraphie pour une production à plus grande échelle. Mais Bonnetier y tient autant qu’à l’encre écologique à base d’eau qu’elle utilise pour l’impression qu’à sa laine de mérinos certifiée EMAS (Eco-Management and Audit Scheme, une certification européenne qui exige entre autres des marques d’avoir une efficacité énergétique et d’optimiser la gestion de leurs déchets). Et les moutons ne sont pas en reste: ils courent librement dans les champs de la Nouvelle-Zélande avant d’être tondus et que leur laine soit transformée au Québec en bandeaux, en gilets, en bonnets et en chaussettes.
La marque Ecologyst, anciennement connue sous le nom Sitka, est la poursuite d’une passion pour la fabrication de planches de surf qui s’est pratiquement transformée en promesse envers la planète. Après avoir modifié de A à Z la chaîne d’approvisionnement et rapatrié toutes les activités commerciales internationales de l’entreprise dans sa ville natale de Victoria, en Colombie-Britannique, l’entrepreneur René Gauthier a su se renouveler en offrant des vêtements et du matériel de camping écoresponsables en plus de continuer à fabriquer des planches faites de matériaux recyclés à partir d’anciens surfboards. Le plus beau? Ecologyst offre un service de réparation et remet 1 % de ses ventes à des projets qui assure la préservation de la nature, de l’air, de l’eau, des terres et des créatures qui y vivent.
Déjà bien établie au Canada depuis 2012, Frank & Oak prend de l’essor en même temps qu’elle prend de plus en plus de mesures afin d’assurer une production de vêtements éthiques et durables. En plus de participer à l’économie circulaire en récupérant les vieux t-shirts non portés de leur clientèle afin de les offrir à des organismes dans le besoin, la marque ayant pignon sur la rue St-Viateur, à Montréal, a réduit considérablement ses emballages et expédie ses commandes dans des boîtes faites à 100 % de carton recyclé post-consommation. Leur prochain grand défi? Supprimer tout le plastique vierge de leur chaîne d'approvisionnement en maximisant l’utilisation de matières premières recyclées et en bannissant le suremballage.
Kotn voulait produire des essentiels en coton offerts à prix abordable, mais sans jamais lésiner sur le développement durable ni le commerce fait de façon équitable. C’est en travaillant main dans la main avec de petits producteurs de coton égyptien – tous situés dans un rayon de 400 km –, en s’engageant à rejeter moins d’eaux usées et à économiser l’eau utilisée pour la teinture et la finition des tissus, et en bâtissant des écoles en Égypte que la marque torontoise a réussi sa mission. Celle d’offrir aux Canadiens des vêtements de qualité empreints d’un savoir-faire ancestral, mais surtout assortis d’une signature éthique et équitable qui font de Kotn un joueur unique.